Chère Hulotte,
Simple protestation contre l’encadré de la page 17 dans votre n° 61, où la Cardère sauvage est présentée comme la « géante des fleurs sauvages françaises ».

La géante: c’est moi-même, la Laiteron des marais Sonchus palustris : il m’arrive de dépasser les 3 mètres. Hélas, il ne vous sera guère facile de vérifier mes dires par suite du rétrécissement dramatique du domaine qui me convient. Il est donc à craindre que si je viens à disparaître, les prétentions de cette vulgaire dipsacacée ne finissent par devenir vraies.
Il y a beau temps que mes collègues de l’A.H.M. et moi-même avions adressé une pétition au Bureau des Réclamations de la Nature. Ce n’est pas de leur ressort, paraît-il, mais de celui du Bureau de Protection des Milieux Humides, organisme fantôme dont nous n’avons su retrouver les coordonnées. Si par hasard vous les aviez, nous vous serions obligés de nous les adresser :
Association des Hélophytes Majeurs
Marais de Sacy-le-Grand
50140 LIAUCOURT
Dans l’attente de votre prompte réponse (car le temps presse),

Signé : Sonchus palustris, (le Laiteron des marais)


Mon cher Laiteron,
Je te signalerai tout d’abord que, depuis la publication du n° 61 de la Hulotte, certains de nos abonnés ont trouvé des Cardères sauvages encore plus hautes ; l'une de 2,86 m. de haut, l’autre de près de 3 mètres. Et le concours continue.
Mais je prends tout de même bonne note de ta réclamation, et ferai mon possible pour réparer cette injustice prochainement dans les colonnes de la Hulotte.
Seulement, pourvu, pourvu que la Grande Berce du Caucase, ne m’écrive pas elle aussi, pour râler, car je crois bien que du coup, c’en serait fini de ta médaille d’or. Imagine : cette plante, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à sa cousine la Berce commune (héroïne du n° 84 de la Hulotte), peut mesurer jusqu’à 5 mètres de haut ! la première fois que l'on voit cette géante, on en a le souffle coupé !. Tiens, une idée : nous allons la mettre dès maintenant hors concours… Pas seulement parce qu'elle inflige de terribles démangeaisons cutanées à tous ceux qui ont le malheur de toucher ses feuilles. Mais surtout parce qu’elle n’appartient pas à la flore indigène ; comme son nom l’indique, c'est une plante qui vient de l’Est et qui a été introduite en fraude dans notre pays.