Quelque temps après avoir lu votre Petit Guide des Araignées à toile géométrique, j’ai observé, en allant vers le poulailler, une superbe toile de Zygielle des fenêtres (dessinée par mon fils Gauvain) — qui a résolu de façon fort ingénieuse un problème de tension. A gauche, c’est le passage où elle se ferait couper son fil plusieurs fois par jour (et en plus il faudrait ce fil devrait faire 2 mètres de long). Elle a suspendu une petite crotte de poule desséchée à un fil qui assure la tenue d’une toile fort efficace. Si on remonte le « poids » on voit très bien que la toile se déforme complètement et perd son existence même.
Aussi fort que le viaduc de Garabit !


Stephane F. (31) - [1997]

Vous décrivez un cas de figure tout à fait étonnant, mais qui a déjà été observé par les arachnologues (ces toiles ont reçu l’appellation de « toiles à contrepoids ») — et a fait l’objet de quelques polémiques chez les spécialistes depuis fort longtemps.
Le débat porte sur la présence « voulue » ou non de ce contrepoids : l’araignée a-t-elle en quelque sorte instinctivement « décidé » de se servir d’un objet comme contrepoids pour établir sa toile à un endroit donné ? Ou bien au contraire s'agit-il d'un pur hasard ? On peut en effet imaginer que la bestiole pensait arrimer son câble à un support fixe, puis que celui-ci a laissé se détacher un élément (ici une fiente de poule desséchée), qui est remonté sous la traction du fil. L’araignée se serait alors adaptée à la présence de cet élément suspendu, construisant sa toile malgré le caractère mobile de ce support. (C’est en tout cas l’hypothèse qui paraissait la plus probable au célèbre arachnologiste Bristowe dans les années 1950).
Il serait intéressant de savoir si cette toile à contrepoids était encore présente le lendemain et les jours suivants. En effet, la Zygielle refait à neuf sa toile tous les matins, et il est assez peu imaginable qu’un incident du même type se reproduise par hasard de la même façon plusieurs jours de suite.